Les raids sarrasins en Provence se sont étalés de 730 à 973. Ils commencèrent avant la bataille de Poitiers pour se poursuivre ensuite à intervalles plus ou moins réguliers.
En 735, une partie des vaincus de Poitiers rejoignit la vallée du Rhône. Dans l’année qui suivit, les troupes de Charles Martel firent une expédition punitive sur Aix,Marseille et Arles. Puis en 737, après avoir pris Avignon et égorgé une partie de sa population, les Francs entrèrent en Septimanie. Ils battirent par deux fois les Sarrasins, à Montfrin et sur le plateau de Signargues, près de Rochefort-du-Gard. Nîmes subit un sort pire qu’Avignon, les chroniqueurs parlent de têtes coupées, amoncelées en pyramide dans les Arênes. Puis, les Barbares venus du Nord pillèrent et désolèrent tout le pays. À l’appel du patrice Mauronte, horrifié par les exactions des Francs, les Sarrasins revinrent en alliés à Avignon et Marseille. Pépin, le fils de Charles Martel, et Liutprand, roi des Lombards, s’allièrent pour les vaincre. Les deux cités provençales furent prises d’assaut. Des seigneurs francs reçurent en fief des cités stratégiques en Provence afin d’empêcher tout retour des Sarrasins.
L’année 886 marqua un tournant dans leur stratégie. Venus d’Alicante, ils s’installèrent à demeure au Fraxinet et de là vont essaimer dans toutes les Alpes. Un de leurs raids les plus meurtriers eut lieu en haute Provence et dans le pays d'Apt en896. Pendant près d’un siècle ils vécurent sur le pays qu’ils pillèrent et rançonnèrent. Dans la nuit du 21 au 22 juillet 973, ils firent prisonnier l’abbé Mayeul de Cluny près d’Orsières en Valais. Celui-ci avait sa famille paternelle originaire de haute Provence. La réaction fut immédiate. En septembre, Guillaume et Roubaud, fils du comte Boson II, rallièrent toute la noblesse provençale et assiégèrent le Fraxinet et Ramatuelle qui tombèrent en deux semaines. Les Sarrasins délaissèrent dès lors la Provence. Ce qui ne les empêche point de revenir en Provence en 760, puis en 787 dans les Dentelles de Montmirail où ils pillèrent Prébayon. Leur pression fut à nouveau si forte en Septimanie que Charlemagne chargea son cousin Guillaume, comte de Toulouse, de les faire refluer. Les deux armées se combattirent de 793 à 795. Guillaume libéra Orange, ce qui lui valut le titre de Prince de cette cité et défit les Sarrasins du côté de Narbonne. Ayant fait de la Corse leur repaire, ils revinrent pourtant sur les côtes provençales en 813 afin de se fournir en esclaves. Puis on les retrouve assiégeant Marseille en 838. Entre 844 et 850, ils remontèrent la vallée de l’Ouvèze où ils pillèrent Vaison puis redescendirent vers Arles qu’ils assiégèrent. Ils furent à nouveau en basse Provence en 869 pour s’en prendre encore à Marseille et à Arles.
Mais l'accumulation de leurs pillages avait marqué la mémoire collective. Tout n’est pas parti en Espagne. On commença à murmurer qu’une partie de leur trésor était resté au Val d’Enfer. « Chargé d’un immense butin, Abdéraman voulut cacher en un lieu sûr dans une des nombreuses grottes des Alpilles, le plus précieux de son trésor. Donc, au milieu de la nuit, accompagné de quelques serviteurs fidèles, il se dirigea vers une des grottes qui se trouvent dans le vallon des Baux. Là, à une profondeur jusqu’à nos jours inconnue, le chef maure, pensant revenir bientôt, cacha tout un monceau d’or et de pierreries ». Et il chargea une chèvre d’or de garder son butin.
Voici pour la légende, la vérité est un peu différente : acculé par les Francs de tous côtés, le chef pillard Maure décidât de passer un marché avec les fées locales. Encerclé de toutes parts, il se terrait dans le Val d'enfer, vallon sauvage et évité par les hommes dans les Alpilles et près des Baux-de-Provence. Il ignorait que si le Val était si dépourvu d'activité humaine c'était parce qu'il abritait un régio féerique puissant. La maîtresse des lieux, la fée Taven, fut attirée par le trésor du Maure comme par un aimant. Celle-ci lui proposa un marché s'il acceptait de donner son trésor aux fées. Aux abois, Abdéraman n'eut d'autre choix que d'accepter. Mais comme souvent avec les fées, les marchés ont souvent un effet pervers. Ici le chef Maure se voyait proposé de ne plus être inquiété par les Francs, en bref sa vie contre son trésor. La cruauté du marché est qu'il fut transformé en chèvre d'or pour avoir enfin la tranquillité voulue. Depuis, Abdéraman hante la région, sa malédiction l'empechant de trop s'écarter du Val d'Enfer, en quête d'individus qui pourraient l'aider à lever la malédiction qui pèse sur lui.
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